Le Comité Social et Économique (CSE) est un organe représentatif du personnel instauré dans les entreprises en France pour garantir un dialogue social entre les employeurs et les salariés. Sa mise en place est une obligation légale pour les entreprises en fonction de leur taille.
Nous retraçons ici l'historique du CSE, les obligations liées à sa mise en œuvre, et les chiffres récents concernant son adoption.
1. Historique du Comité Social et Économique (CSE)
Le CSE est le fruit d'une réforme récente mais s'inscrit dans une longue tradition de dialogue social en France. Son instauration découle de l’ordonnance Macron du 22 septembre 2017. Celle-ci a fusionné plusieurs instances représentatives du personnel :
- le Comité d’Entreprise (CE),
- les Délégués du Personnel (DP) et
- le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT).
Avant la mise en place du CSE, chaque entité avait un rôle distinct :
- Le CE gérait les aspects économiques et financiers de l'entreprise ainsi que les activités sociales et culturelles pour les salariés.
- Les DP représentaient les réclamations individuelles ou collectives des salariés.
- Le CHSCT veillait à la sécurité, à la santé et aux conditions de travail des salariés.
Le CSE, en fusionnant ces entités, a permis une simplification du dialogue social, tout en renforçant les pouvoirs de cette nouvelle instance.
2. Obligation Légale de Mise en Place du CSE
La mise en place d'un CSE est obligatoire pour toutes les entreprises privées ayant un effectif d’au moins 11 salariés pendant 12 mois consécutifs. Les entreprises qui remplissent cette condition doivent organiser des élections pour désigner les représentants du CSE. Le nombre de membres du CSE et ses prérogatives varient en fonction de la taille de l'entreprise.
Les principaux seuils d'effectifs pour le CSE sont :
- 11 salariés :
- Obligation de mettre en place un CSE
- avec un rôle limité aux réclamations individuelles et collectives et à l'organisation des conditions de travail.
- 50 salariés et plus :
- Le CSE dispose de prérogatives étendues, notamment en matière d'économie, de gestion des activités sociales et culturelles, et de sécurité.
Détails des obligations selon la taille de l'entreprise :
- Pour les entreprises de 11 à 49 salariés :
- le CSE est principalement consultatif et
- axé sur les réclamations des employés et la sécurité.
- À partir de 50 salariés, le CSE devient un acteur central dans :
- la gestion des questions économiques,
- la consultation sur les stratégies de l'entreprise et
- la gestion des œuvres sociales (activités culturelles, sportives, etc.).
3. Délai de Mise en Place et Renouvellement du CSE
Les élections du CSE doivent être organisées dès que l'entreprise atteint le seuil de 11 salariés pendant 12 mois consécutifs. Une fois le CSE mis en place, son mandat dure quatre ans, à l’issue duquel de nouvelles élections doivent être organisées.
Si une entreprise nouvellement créée ou en croissance atteint ce seuil d'effectif, elle dispose de six mois pour organiser les élections du CSE.
4. Missions et Compétences du CSE
Les missions du CSE diffèrent en fonction de la taille de l’entreprise, mais ses principales compétences incluent :
- Santé, Sécurité et Conditions de Travail : Le CSE est chargé de veiller au respect des règles de santé et de sécurité au travail, de participer à l’analyse des risques professionnels et de contribuer à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
- Expression des Réclamations : Le CSE présente les réclamations des salariés sur les salaires, le temps de travail, la santé, la sécurité et les conditions de travail.
- Consultations et Informations Économiques : Dans les entreprises de plus de 50 salariés, le CSE doit être consulté sur les grandes orientations stratégiques de l’entreprise, la situation économique et financière, et la politique sociale.
- Activités Sociales et Culturelles : Le CSE gère les activités sociales et culturelles de l’entreprise, comme l’organisation d’événements, les subventions pour les loisirs ou les sports, les bons d’achat, etc.
5. Chiffres Clés sur la Mise en Place du CSE
Depuis l’obligation de mise en place du CSE en 2018, de nombreuses entreprises ont réalisé cette transition, mais des disparités existent selon la taille des entreprises.
- 95 % des grandes entreprises (plus de 250 salariés) ont mis en place un CSE à la fin de l'année 2020 (source : Ministère du Travail).
- Cependant, dans les entreprises de moins de 50 salariés, seulement 58 % avaient organisé des élections pour leur CSE à la même période.
- D'après un rapport de la DARES, environ 25 000 élections ont été organisées en 2021 dans des entreprises nouvellement éligibles au CSE, majoritairement dans les PME.
- Une enquête de l'institut Harris en 2023 montre que 72 % des représentants du personnel dans les CSE estiment que la fusion des instances a permis une meilleure coordination des actions en faveur des salariés.
6. Sanctions en Cas de Non-Mise en Place du CSE
Le défaut de mise en place d’un CSE dans une entreprise éligible peut entraîner des sanctions importantes pour l’employeur. Les principales sanctions sont les suivantes :
- Sanctions financières : En cas de manquement à l’obligation d’organiser les élections du CSE, l’entreprise peut être condamnée à une amende et à des dommages-intérêts pour préjudice subi par les salariés.
- Dysfonctionnements juridiques : L’absence de CSE rend caduques certaines décisions d’entreprise, notamment celles qui nécessitent la consultation des représentants du personnel.
- Blocage social : Le dialogue social peut être grandement affecté en l'absence d'une instance officielle pour traiter des questions de réclamations et de conditions de travail.
Conclusion
La mise en place d'un CSE est bien plus qu'une obligation légale : c'est un levier essentiel pour favoriser le dialogue social, garantir la sécurité et améliorer les conditions de travail dans les entreprises. Alors que l’obligation de créer un CSE s’étend à toutes les entreprises de plus de 11 salariés, il est crucial pour les employeurs de respecter les délais et d’engager les procédures adéquates pour sa constitution.
Les réformes autour du CSE visent à simplifier les processus, mais également à renforcer la participation des salariés à la vie économique et sociale de l'entreprise. En mettant en place un CSE efficace, les entreprises peuvent non seulement respecter leurs obligations légales, mais aussi créer un environnement de travail plus sain et inclusif, bénéfique pour tous.